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Tess d’Urberville, Thomas Hardy

juin 16, 2016

bm_27561_1283522Résumé : Jeune paysanne innocente placée dans une famille, Tess est séduite puis abandonnée par Alec d’Urberville, un de ses jeunes maîtres. L’enfant qu’elle met au monde meurt en naissant.

Dans la puritaine société anglaise de la fin du XIXe siècle, c’est là une faute irrémissible, que la jeune fille aura le tort de ne pas vouloir dissimuler. Dès lors, son destin est une descente aux enfers de la honte et de la déchéance.

Le détail qui tue : j’ai un peu du mal avec ce résumé, mais j’en ai pas trouvé de meilleur. Seulement dire que Tess est « séduite » par Alec d’Urberville me dérange. Puisqu’il ne s’agit pas de séduction mais bel et bien d’un viol.

Avis : Ce livre m’a déprimé, les malheurs vont s’acharner sur Tess les uns après les autres, ne lui faisant vivre que quelques moments de bonheur. Pourtant Tess est une fille généreuse, travailleuse, et qui aime beaucoup sa famille et fait de son mieux pour celle-ci. Si elle est naïve, elle n’est pas non plus stupide. Simplement Alec d’Urberville va commettre un acte qui ne sera jamais réparé, ni réparable, et qui vont casser toutes les bases de ce que Tess cherchera à construire ensuite. Tout ça parce que son père a découvert qu’il était un d’Urberville, une ancienne grande famille et que ça lui est un peu monté à la tête.
De plus, on vit à une époque où il est inadmissible qu’une femme ne soit plus vierge hors mariage, que ce ne soit pas sa faute, tout le monde s’en fiche (d’autant plus que les hommes ne sont guère punis pour leurs actes, eux).
Pourtant Tess va vraiment essayer de se reconstruire, d’être à nouveau heureuse. Sa rencontre avec Angel va lui donner une idée du bonheur et je les ai trouvé mignon. Même si on se doute assez facilement ce qui va se passer.
L’auteur joue avec Tess, enchaînant les « si Tess avait fait ça » ou les « si à ce moment là il s’était passé ça », insistant sur le fait que tout aurait pu être différent.

L’écriture est délicieuse, l’auteur joue avec l’ironie, se moque parfois gentiment de ses personnages, ou bien pose sur eux un regard de tristesse. On sent derrière ces mots une critique de la société, des lois sociales qui enferment des bonnes personnes dans leur malheur, de la religion et de ceux qui suivent la mode et les convenances sans jamais se remettre en question (comme les frères d’Angel). La façon dont il est « si facile » de se convertir, alors qu’au fond on n’a pas changé.
C’est bien écrit, mais très facile à lire quand même, je me suis régalée.

Et pourtant j’ai souffert, pour cette pauvre Tess, pour tout ce qu’elle a à subir à cause de l’acte d’un autre. A la fin, je me suis sentie l’envie de me rouler en boule dans un coin, j’avais aussi un sentiment d’injustice dans la bouche. On sent que l’auteur est attaché à son personnage, malgré ce qu’il lui fait subir, il a un regard assez doux sur elle (beaucoup plus que sur d’autres personnages).

L’histoire se passe dans le monde paysan, et au cours de notre lecture, on pourra voir la façon dont ils travaillaient, même les femmes (elles devaient travailler tout autant que les hommes, mais elles étaient moins payés).

En bref, c’était une très bonne découverte, qui me donne envie de me tourner vers d’autres œuvres de l’auteur, ayant beaucoup aimé sa plume.

Phrases post-itées : 
« Il suffit que, dans le cas actuel comme dans des millions d’autres, ne se rencontrèrent pas à la minute fatidique les deux moitiés d’un tout qui eût été parfait. »

« Elle pensait, sans s’exprimer aussi exactement sa pensée, combien étrange et divin était le pouvoir d’un compositeur qui, de la tombe, savait mener, à travers des enchaînements d’émotions éprouvées d’abord par lui seul, une fille comme elle, qui n’avait jamais entendu son nom et ne devait jamais avoir la moindre idée de sa personnalité. »

« Le silence absolu frappait comme un être réel plutôt que comme la négation du bruit. »

« Les germes d’une ferme amitié se trouvaient-ils cachés sous l’émotion passagère qui l’étreignait, ou n’était-ce qu’une joie sensuelle, causée seulement par sa beauté et que ne soutenait rien de durable? »

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